Kafouj

Les lampions sont éteints

Le mistral donne le signal du renouveau ou plutôt du retour au calme. Des membres des équipes municipales, armés de longues perches, décrochent les affiches, d’autres ramassent les cartons, partout dans la ville c’est le grand nettoyage. Et les festivaliers mélancoliques roulent leurs valises vers d’autres ailleurs tandis que les "zotomo-bile" reviennent emboucaner la ville...

Avignon-la-Sensuelle, alanguie au bord du Rhône et cambrée sous les caresses du mistral, s'est ouverte et s’est offerte sans pudeur ni retenue pour son grand rut de l'été.

Une lune durant la belle s’est donnée, de toutes ses pores de pierres, de toutes ses ruelles, de tous ses cloîtres, de toutes ses places, de tous ses patios mystérieux, de tous ses forums, de tous ses lieux scéniques à son dévorant amour estival : le Festival, tant In que Off. 

Elle a accueilli, à l'intérieur du collier de pierres blondes de ses remparts une foule cosmopolite et bigarrée d'artistes et de touristes, d'intellos et de clodos, de saltimbanques et de rêveurs, de poètes et de voleurs, tous attirés comme les éphémères par la flamme vers cette scène planétaire de l'illusion théâtrale, ce grand marché du rêve.

Mais les lampions sont éteints et les Avignonnais vont retrouver leur ville, cette somptueuse salope, comblée, apaisée et fécondée par les semences mêlées de ses milliers d'amoureux de l'été.

La Fête reprendra vite. Avignon est une exception, elle qui peut s'enorgueillir d’abriter toute l’année en ces murs six, voire sept compagnies théâtrales de dimensions nationales. Quelle est la ville moyenne, voire la métropole qui peut en afficher autant ?

Et nous – qui avons vu, apprécié – ou non – quarante et une pièces – nous nous feront toute l’année une joie de vous présenter tous les « estrambords » comme en dit en Provence d’Avignon la Festive !

Jean-Victor JOUBERT


Guignol's band

Anna décanille !

J'ai pris connaissance avec jubilation de cette "Brève d'Anna":

"Les dernières images  du film de Michael Hoffman, «Gambit» présentent le richissime collectionneur Lionel Shabandar contemplant, totalement nu, le faux Monet qu’il vient de se faire refiler par son expert en art. Cette scène ne représente pas l’argument principal de ce film de 2013 mais est celle qu’ont apparemment retenue certaines des plus fines lames de la curation contemporaine à la française. Le sujet qui suit n’est plus de première fraîcheur mais l’actualité déjantée du wokisme avait entrainé notre regard sur des affaires plus genrées. L’évènement s’est déroulé en avril dernier et son alibi était évidemment de type sociologico-scientifique : «Notre idée est d'interroger la question du corps dans l'espace, de voir comment un corps interagit face à d'autres corps». Aux termes employés un esprit non averti aurait pu croire qu’il allait assister à une conférence sur la mécanique céleste. Mais non, ici point de Kepler ni d’Einstein ; il s’agissait juste de se balader à poil dans les salles du MAC de Lyon. L’expérience n’était toutefois pas novatrice puisque le Palais de Tokyo à Paris, jamais en retard d’une niaiserie, en avait déjà promu une en 2018. Le MAC de Lyon ne faisait donc qu’affirmer un panurgisme provincial aux yeux rivés vers La Capitale. On peut aussi s’étonner que cette approche libertaire de l’art ait été perçue comme inédite par des conservateurs dont le métier, comme son nom l’indique, est de préserver une forme de mémoire. Car déjà en 1968, à la fac de Vincennes, ce type d’expérimentation était le fondement même des études. A la différence notoire qu’à Vincennes, dans le but de permettre aux classes populaires d’accéder à la culture, l’accès aux cours était libre. A Lyon l’entrée se monnayait 11€ ; mais ce montant incluait probablement les frais de vestiaire. Toutefois la polémique est stérile et même déplacée en regard des bénéfices qu’en retirent les publics ciblés par ces entreprises à caractère didactique. Dans le cas de Lyon voici ce qu’en retenait le responsable de la fédération naturiste Rhône-Alpes. «C'est intéressant de vivre une expo totalement nu. Cela nous renvoie à notre propre perception de nous-même, sans artifice social. Tous les gens présents à la Sucrière ont été bluffés par la différence qu'il y a entre visiter l'exposition habillé ou nu»…/…«C'est vrai que dans le naturisme il y a la notion de nature, mais c'est surtout l'acceptation du corps et de soi dans l'environnement. Jusqu'à maintenant nous restions derrière nos hauts murs pour ne pas affoler la bonne société. Mais finalement on sort de nos remparts pour dire que la philosophie que l'on porte est très bien». A priori les déclarations de ce monsieur suggèrent qu’il ne sait plus très bien où il habite. Quand il accole sa pratique à la nature on peut se demander ce qu’il vient faire dans des environnements aussi conceptuels, sociétaux et fabriqués que ceux de l’art et d’un musée. Nous pensons que passer ses vacances chez «Bushman» lui serait beaucoup plus profitable dans l’exercice de sa pratique et pour sa philosophie. Il faudrait qu’il nous explique également en quoi un musée n’est pas une enceinte fermée, ici d’autant plus exclusive que la visite se déroulait hors des horaires d’ouverture habituels et que le public « habillé » n’y était point admis. Quant au vêtement considéré comme simple artifice social il suffit de questionner un dermatologue pour prendre conscience de la dangerosité du propos. Cependant il ne nous appartient pas de juger de la pertinence de cette exposition en ce qui concerne sa perception par le public visé car il faudrait en premier lieu pouvoir la comparer avec celle qu’en ont eue d’autres assistances. A condition que ces dernières existent. Ici se pose la question fondamentale de l’art contemporain, à savoir l’existence réelle de son public. Qui n’a pas visité un Frac ne sait pas vraiment ce qu’est la solitude. Sans les scolaires et les clubs du troisième âge, les salles des établissements dédiés à cet art risqueraient d’être désespérément vides. Pour s’assurer du report de leurs budgets de fonctionnement leurs responsables doivent donc en appeler à quelques contorsions curatoriales qui leur assurent un retour médiatique et par là même une justification au prolongement de leur existence. Prorogation par ailleurs légitimée par le désintérêt affiché des plébéiens dont l’absence conforte l’image du visionnaire incompris que veut incarner l’Institution. L’exercice tient désormais du funambulisme. Or des vents politiques contraires commencent à souffler. Gare à la chute !"

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🤪😀😡🥳🤩😂

Si vous voulez mon avis à moi, J-V.J

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