FESTIVAVIGNON

a vu pour vous

Et un petit dernier pour la route!


ADELINE ZARU de A à ENFIN ZEN

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Adeline Zaru de A à enfin Zen, écrit et mis en scène par Adeline Zarudiansky, one woman show, au théâtre des Etoiles du 9 au 21 juillet, à 20h15, entrée libre au chapeau.

Êtes-vous parasité par une petite voix intérieure qui vous pourrit la vie ?


Dans ce one woman show, Adeline nous parle de « sa » petite voix intérieure qui l'empêche de devenir « Zen ». Nous voici embarqués dans sa quête explosive de spiritualité jalonnée de personnages déjantés : le gars feng shui tatoué, la coach astrale illuminée, la directrice de casting blasée, la psy « hors de prix, l'amant argentin prof de ski... En nous confiant ses difficultés à se réaliser auxquels chacun pourra s'identifier, Adeline nous fait partager ses méthodes de développement personnel «très personnalisés». Des Accords toltèques à Bouddha, nous voici amenés, sur le ton de l'humour et du rire, à réfléchir sur notre enfant intérieur, notre moi psychique. C'est la thérapie par le rire et la dérision !

Diplômée du Conservatoire National Supérieur d'Art dramatique de Paris, Adeline a joué dans de nombreuses pièces de théâtre à Paris mais aussi en Province et à l'étranger.

Avec son one woman show créé en 2019, elle a gagné le prix du public du festival d'humour d'Igny parrainé par Pascal Legitimus, a obtenu le fond humour SACD, elle a participé au Teva comedy show diffusé sur la chaîne Teva, elle a fait la 1ère partie d'Anne Roumanoff et de Geremy Credeville, des tournées en France et en Guadeloupe, elle a joué au festival d'Avignon 2022 et 2023 et 2024 aux Étoiles.

Une très belle performance à féliciter, la comédienne est généreuse avec son public, dans une improvisation exceptionnelle, une énergie débordante et des personnages à mourir de rire. Un très bon moment de théâtre, on en redemande !

Le festival est terminé mais on ne manquera pas de la suivre dès son retour sur les planches avignonnaises !
Vous pourrez retrouver Adeline Zaru à Perronas au théâtre Les Arts dans l'R du 5 au 7 septembre, à Biarritz au Petit Bijou le 20 et 21 septembre ainsi qu'à Paris à la rentrée soit au Kibélé soit à la Comédie du onzième.

Pour la suivre sur Instagram : @Adeline.zarudiansky

Maria PARIZAT

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LE RADEAU DE LA MÉDUSE

60 minutes d'humour, d'art et d'histoire

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LE RADEAU DE LA MÉDUSE , écrit et mis en scène par Alexandre Delimoges, interprété par Anne Cangelosi, à l'espace Roseaux teinturiers, du 29 juin au 21 juillet, à 11h30, à partir de 8 ans.

Un peu d'histoire, un peu d'histoire de l'Art avec le célèbre tableau de Géricault Le radeau de la méduse. Vous le connaissez sans doute mais connaissez-vous vraiment son histoire ?

Cette pièce nous propose, grâce à une drôle de conférencière, de découvrir les secrets de ce gigantesque tableau du Louvre qui choqua le monde et ébranla le trône.

Nous voilà plongés dans les bouleversements artistiques et politiques du début du XIXème siècle, dans la peinture du romantisme, à la découverte des personnages de cette toile.

Dérision, humour, cette conférence n'aura rien de barbant ou d'ennuyeux avec une comédienne qui incarne cette conférencière loufoque et réussit le tour de force de transmettre par le rire car on le sait bien, l’humour est un extraordinaire levier pour apprendre. C‘est donc avec humour, intelligence et interactivité qu’elle explique l’œuvre au public. »

On apprend des choses, on rigole, un grand bravo pour cette pièce riche en découverte et formidablement bien interprétée. À ne pas manquer !

Maria PARIZAT

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MOMENTOS

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MOMENTOS, spectacle de chant et danse, création Flamenca, mise en scène de Valérie Ortiz, danse avec Felipe Calvarro, Valérie Ortiz et Carlos Escudero, chant de Jésus Carceller, guitare Paul Buttin et Jésus Carceller, percussion Alexis Sebileau, accordéon Jérémy Naud, au théâtre le Girasole, à 19h15, jusqu'au 21 juillet.

 Que vous soyez novice ou aficionado du flamenco, vous vous laisserez embarquer dès les premiers instants par ce spectacle chanté, dansé et interprété de façon éblouissante !

Certes, on redoute de ne pas en avoir les codes, mais le flamenco, dans ce spectacle, revêt une portée universelle réunissant à lui seul un large éventail de situations et d'émotions allant de la tristesse à la joie, en passant par l'amour ou la souffrance. Le chant, la musique et la danse se questionnent, se répondent et se mêlent.

Toute l'originalité du spectacle vient de la volonté de la chorégraphe ,Valérie Ortiz, d'apporter au flamenco un autre regard, en bousculant les codes traditionnels, en laissant la place à d'autres sonorités notamment la musique classique ou l'accordéon.

Un véritable moment entre tradition et modernité !

Le spectacle nous offre douze tableaux uniques avec une alternance de solo, duo et trio qui permet une proposition musicale riche et variée.

On notera aussi les costumes, les lumières et la scénographie époustouflante de ce « momento », qui subliment les corps avec une infinie élégance.

Vous ressortirez de ce spectacle enchantés, éblouis, magnétisés !

Maria PARIZAT

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ÉDITH PIAF L'OLYMPIA 1961 

Le concert événement

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EDITH PIAF L'OLYMPIA 1961, récital de Nathalie Romier, au BA Théâtre, du 29 juin au 21 juillet, relâche le jeudi, à 16h.

Piaf , Olympia 61 rend hommage à la mythique Edith Piaf, incarnée par Nathalie Romier.

Ce récital inédit nous transporte dans un tourbillon d’émotions à travers le temps, en renouant avec le visuel et les succès de l’époque en racontant le sauvetage incroyable de l’Olympia.


En 1961, le mythique Music-hall était au bord de la faillite. Bruno Coquatrix , pour sauver la salle emblématique, fit appel à son amie Edith. Son interprétation magistrale a marqué l'Histoire et a permis à l'Olympia de renaître de ses cendres.


Nathalie nous propose de revivre ce moment en offrant au public une expérience immersive dans le monde captivant de la môme. Et ça fonctionne.
Nathalie réussit le tour de force d’incarner la passion, la vulnérabilité et la puissance de la légendaire chanteuse.


C'est un moment magique, qui nous transporte dans le temps, Nathalie Romier est d'une incroyable précision vocale mais gestuelle aussi, une véritable artiste interprète, généreuse et sensible, qui nous touche en plein cœur.


Un spectacle à voir absolument !

Maria PARIZAT

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LES TROIS PETITS VIEUX QUI NE VOULAIENT PAS MOURIR

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LES TROIS PETITS VIEUX QUI NE VOULAIENT PAS MOURIR , théâtre du Frèt (Québec), mise en scène par Johanne Benoit,avec Vania Beaubien, Alexandre L'heureux et Isabelle Rancier, au théâtre du Balcon du 29 juin au 21 juillet à 13h30, tout public à partir de 7 ans, durée 55 minutes.

Un jour comme les autres, Ernest, Stanislas et Désiré se réveillent plutôt de bonne humeur, mais arrive une lettre : « Aujourd'hui c'est le dernier jour. Toutes les journées ont été utilisées. »

Affolés d'abord, ils décident de faire comme si de rien n'était. Et puis d'abord d'où vient cette lettre ? Qui décide ? Et pourquoi aujourd'hui ?

Avec fougue, ils s'inventent de nouvelles vies, de nouvelles jeunesses et d'autres folies. Parviendront-ils à vaincre la grande faucheuse ?

Qu'à cela ne tienne, ils n'ont pas dit leur dernier mot !

Ce spectacle familial offre un portrait radical de la vieillesse, il aborde la mort de front sans oublier d'évoquer au passage ce qui en forme l'essence même, à savoir la vie, le chagrin et aussi l'amour.

Cette pièce est une célébration de la vie, une ode à la beauté et à l'amitié. Elle aborde le thème de la mort avec franchise, tendresse et dignité.

Sa dramaturgie est d'une grande minutie, les comédiens, masqués, sont époustouflants et émouvants. L'amitié entre les trois personnages est d'une poésie indescriptible. On ressort ému de cette fable, les enfants aussi.

On comprend un des objectifs majeur du théâtre à travers cette pièce : s'il ne donne pas de réponse, il ouvre au moins des portes, il suggère, il fait se questionner, et l'enfant est le public le plus disponible à cela.

Spectacle à voir absolument !

Maria PARIZAT

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LES RAISINS DE LA COLÈRE 

Un prodigieux road movie intemporel

« Les Raisins de la Colère » de John Steinbeck adapté et joué par Xavier Simonin avec un trio de comédiens musiciens en alternance : Glenn Arzel ou Manu Bertrand, Claire Nivard ou Roxane Arnal, Stephen Harrison ou Sylvain Dubrez, à 13h40 à l’Essaion jusqu’au 21 juillet. Durée de ce spectacle musical 1h25.

Un texte fondateur de John Steinbeck, adapté par Xavier Simonin, comédien prodigieux et charismatique qui rayonne sur scène, accompagné d’un trio de comédiens musiciens armés de guitare, banjo et contre basse pour porter cette histoire entre chant et narration, tout au long de la route 66. Tels sont les trois ingrédients maîtres de ce road movie musical qui nous transporte et nous éclaire en même temps dans un univers sonore plus vrai que nature.

Par temps de désastre économique, de migration forcée et de violence sociale, « Les Raisins de la Colère » pourraient en effet apparaître tristement d’actualité si le livre de John Steinbeck n’était pas avant tout un chef d’œuvre intemporel riche d’une humanité plus que jamais fragile.

L’exode de la famille Joad, abandonnant sa terre, le Kansas, pour aller vivre «  le miracle californien », ne sera en effet que désillusions, exploitation économique et humaine… Qui pourrait encore en douter ?

Ce magnifique spectacle est un vrai voyage littéraire et sensoriel.

Il est haut de gamme.

Xavier Simonin réussit un véritable tour de force en lui restituant sur scène avec conviction toute sa substance révolutionnaire.

Nous vous le recommandons vivement.

André BAUDIN

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Les Enfants du Diable

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On ne choisit pas ses parents…

Les Enfants du Diable au théâtre de l'Oriflamme jusqu'au 21 juillet à 11h30, durée 1h10

Pièce inspirée d'une histoire vraie, écrite par Clémence Baron, interprétée par Clémence Baron et Antoine Cafaro - Mise en scène de Patrick Zard'

Vingt ans après la disparition du couple Ceaucescu, deux enfants séparés par la vie  se retrouvent.

Qui n'a pas vu les orphelinats mouroirs pour des enfants en tout point abandonnés ?

Qui n'a pas vu la saleté, la surpopulation, la malnutrition et le manque d'amour dont des milliers d'enfants négligés ont été victimes ? "Se balancer c'est rester en mouvement, se balancer, c'est vivre". Et c'est aussi s'apaiser.

Niki et Mirela sont restés en Roumanie, Veronica a été adoptée

Quand deux mondes aussi éloignés se retrouvent, le dialogue est difficile voire impossible

Comment ces deux êtres pourront-ils renouer des liens, au lendemain de la mort de Mirela et après vingt ans d'éloignement ? L'adoption de l'une les a séparés. Veronica, petite fille de dix ans, a une famille aimante, mais un mélange de colère et de tristesse la fait culpabiliser.  Elle n'avait pas oublié durant ces années qui elle était, d'où elle venait mais  elle avait involontairement abandonné frère et sœur. Pour Véronica , l'essentiel était de retrouver le grand frère et cette petite Mirela, autiste.

La pièce est remarquablement interprétée par  deux grands comédiens. Clémence Baron est époustouflante de sincérité, elle "vit" ce rôle car c'est l'histoire de sa grande sœur. Antoine Cafaro  défend superbement  le rôle de Niki, alternant colère, tristesse, incompréhension. 

Savoir lâcher prise, avoir foi en l'humanité, ne pas accepter, ne jamais renoncer: quel beau message d'espoir ils  nous livrent là

Avec bien d'autres réflexions, pensées, sentiments, méditation....

Un beau spectacle que l'on n'est pas près d'oublier

MARIJO

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ANTHOCYANE

La pièce de théâtre qui fait aimer le vin.

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Écriture et Mise en scène Franck Dirles - Aide à la création Laurent Cussinet Patrick Thoraval - Distribution Laurent Cussinet Benjamin Dussud Patrick Thoraval Franck Dirles - Durée : 50 minutes - Public : à partir de 10 ans

Avec dégustation de bons vins et de softs pour les mineurs


« Dans les jardins bruissants du Musée Louis Vouland

Nous avons pu taster les nectars stimulants

Que Nicolas Boiron, de Châteauneuf-du-Pape

Nous offrait en prémices de joyeuses agapes. »

Ce petit quatrain d’introduction pour une soirée théâtrale fort originale, toute en alexandrins s’il vous plait, dédiée à la gloire de ce joyau de la créativité humaine qu’est le vin. Une pièce où se chevauchent, se poursuivent, s’étreignent les termes vignerons et les mots de la vie. Malbec - nom de cépage – est un œnologue amoureux transi mais trop timide pour déclarer sa flamme à la belle Anthocyane – nom grec de la couleur rouge des peaux de raisins entre autres végétaux.

Anthocyane restera l'Arlésienne de la pièce, objet de tous les désirs de ses soupirants, mais toujours absente.

Malbec le technicien œnologue apparaît - sur l’espace scénique matérialisé par un tonneau superbement peint d’une explosion de couleur – comme un breuvage de consommation courante aspirant à devenir un grand cru pour séduire la Belle. Il fait donc appel à Marc (de Chateauneuf ou de Bourgogne ?) pour qu’il lui livre les secrets de la poésie qui séduira Anthocyane.

"C’est pas gagné" pense Marc…

S’ensuivent des échanges savoureux où le corps (du vin), la jambe (du vin), la cuisse (du vin ?), la saveur du vin?) font passer le spectateur d’une séance de dégustation à des rêves érotiques torrides.

Et tout ceci en dégustant, blancs, rosés et rouges « De mon grand-père » de Nicolas Boiron!

Au fait, si la belle Anthocyane n’a pas levé son verre avec nous, il y avait tout de même la stricte Maud Dhérassion !


« Gloire au vigneron, il nous désaltère

Sa sueur féconde les entrailles de la terre

Paysan sacré qui crée le sang de dieu

D’arides cailloux, il fait du vin, Mordieu »


Et pour conclure, laissons la parole à Horace :

Nulla placere diu nec vivere carmina possunt, quae scribuntur aquae potoribus…

Des vers ne peuvent plaire ni durer longtemps, s’ils ont été écrits par des buveurs d’eau.

Allez-y vite avant que le Festival 2024 ne baisse les rideaux.

Jean Victor JOUBERT

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MAL ÉLEVÉE

...ou élevée mal ?

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« Mal élevée de Laetitia Wolf, mise en scène par les deux comédiennes Astrid Tenon et Laetitia Wolf, à 19h10 au Théâtre des Lilas. Durée du spectacle 55 min


Sur scène du Théâtre des Lilas - un lieu du OFF dédié à la création féminine - deux femmes se rejoignent dans un lien sororal qui les émancipent de l’emprise sociale et des carcans de la soumission. Elles ont été mal élevées, pas dans le sens de la malpolie, mais élevées mal, dit l’auteur de la pièce Laetitia Wolf.

Ces deux voix portent en elles celles de tant d’autres, questionnant l’éducation et ses limites chez les petites filles à qui on ne leur a pas appris à dire non. « Et si on nous avait appris à nous défendre ? », s’interrogent-elles, « à quoi aurions-nous échappé par les temps qui courent où l’on ne cesse de constater les agressions sexuelles, les discriminations au travail, les inégalités de salaires, etc. »   

Plutôt que la politesse comme vertu suprême...qui a fait son temps !

Ce spectacle radical, rythmé comme une ballet,  peint un tableau vivant des multiples façons dont les femmes laissent leurs traces dans un monde qui tente constamment de les effacer, notamment par la religion. Afin de leur permettre, à toutes, insistent-elles, de prendre conscience de la nécessité de reprendre le contrôle de leur histoire. 

Car « on ne peut plus répondre à la violence par un sourire, par un merci ou une dérobade », proclament-elles.

Certes, le sujet n’est pas nouveau. Et ces deux femmes n’enfoncent-elles pas des portes ouvertes ? Même si leurs propos mériteraient un peu plus de recul pour être plus efficaces, « cette prise de conscience cristallise un bond en avant magistral », répond Laetitia Wolf, pour que toutes leurs histoires soient entendues et relayées.  

André Baudin.

André Baudin.

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MOI, KADHAFI

Une pépite guyanaise

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« Moi, Kadhafi » de véronique Kanor, seul en scène coproduit par la Compagnie guyanaise KS and CO sur une mise en scène d’Alain Timar, interprété par le comédien Serge Abatucci, à 16h45 à la Chapelle du verbe incarné. Durée du spectacle : 1h

Alors que la Nouvelle-Calédonie gronde de colère avec des velléités indépendantistes, merci au Festival Off d’ouvrir ses portes à l’Outre-Mer avec ce seul en scène de la Compagnie KS and CO installée à Saint Laurent du Maroni en Guyane.

Sur une mise en scène sobre et efficace d’Alain Timar (le spectacle est coproduit notamment par le Théâtre des Halles – Scène d’Avignon), Paul, un Antillais anonyme, a été retenu grâce à sa ressemblance, pour interpréter Kadhafi au théâtre. Homme brimé mais révolté sur une terre qui, malgré son rattachement au grand ensemble français, représente encore toutes les caractéristiques d’une colonie, ce comédien malgré lui, va s’investir dans le personnage en voyant dans ce rôle la possibilité de prendre une revanche sur son destin. Tant, dans son vide intérieur tapissé d’images de Kadhafi-Le-Sauveur, résonne des colères ancestrales...

Les texte de Véronique Kanor est fort, nécessaire, engagé et poétique, il ne sombre jamais dans la complaisance pour le leader anti-impérialiste assassiné, tout en assumant sur lui un regard non occidental.

Il est défendu sur scène par le talentueux comédien Serge Abatucci, intimement traversé par cette histoire, en interprétant Paul l’Antillais dans la peau de Kadhafi.

C’est une des pépites du Festival, nous vous la recommandons.

André Baudin.

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« Faust »

Quand le muet nous parle…

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Libre adaptation sur la projection du film de Murnau, par le Cartoon Sardines Théatre, tous les jours jusqu’au 21 juillet à 18 h 25 à L’Entrepôt.

Si tout le monde connait plus ou moins Faust, celui qui fit un pacte avec le Diable dès le milieu du 16ème siècle, seuls les cinéphiles plus ou moins avertis connaissent le film (muet) réalisé par le cinéaste allemand Murnau en 1926. Un film bourré de prouesses techniques, compte tenu des contraintes du cinéma de l’époque encore balbutiant, marqué par une façon de filmer les personnages qui fit de Murnau le précurseur du fameux style expressionniste longtemps propre au cinéma allemand. Voilà donc une belle source d’inspiration pour tout artiste de théatre aimant le 7ème art, imaginant de moderniser la narration en y ajoutant… le son ! Oui, mais comment ? Patrick Ponce a heureusement trouvé la solution en inventant des dialogues collant évidemment à l’action, mais totalement modernes (y compris quelques apartés de langage contemporain très drôles) et en y ajoutant une illustration musicale, toujours juste, parfois audacieuse, avec la complicité de deux musiciens nous plongeant dans le charme d’un saxo, bel instrument faiseur d’ambiance… Encore fallait-il inventer une mise en scène sobre, en adéquation avec l’interprétation, souvent surréaliste, de cette lutte entre l’archange et Méphisto, entre le bien et le mal. Trois silhouettes sur scène, à peine éclairées, laissent toute leur place aux images, commentées en direct par Patrick Ponce, faisant toutes les voix, même féminines, assurant les bruitages, devenant un personnage du film à force de si bien jouer son rôle dans l’ombre ! Décidément, Avec « Angèle » et « Faust », parmi les meilleurs spectacles du Off 2024, le Cartoun Sardines Théatre n’en finit plus de nous épater.
Bernard LASSEIGNE.

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L'EPOPEE DE PENELOPE 

une odyssée tricotée

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L'EPOPEE DE PENELOPE une odyssée tricotée, compagnie Les Illustres Enfants Juste, écriture, mise en scène, construction tricots, jeu par Marjolaine Juste, interprété par Marjolaine Juste, Ophélia Bard et Crystel Galli, à l'espace Alya, du 2 au 21 juillet, relâche le 8 et le 15 juillet, à 11h15, durée 55 minutes, jeune public à partir de 6 ans.

L'épopée de Pénélope, c'est l'Odyssée d'Ulysse vécue par son épouse.

Pénélope attend Ulysse depuis vingt ans. Pendant ce temps elle tricote des paniers entiers de pelotes. Elle parle à son chat Claude, elle écoute la radio. Mais un jour, en tirant sur son fil, un poisson en laine frétille au bout de son aiguille à tricoter… Et c'est le début d'une aventure qui va l'emporter au milieu d'un océan déchaîné à la rencontre de personnages mythologiques revisités.
Décors, marionnettes, costumes : tout est tricoté !
Malgré les tempêtes et les colères de créatures inhospitalières, Pénélope va retisser les liens d’un monde désuni, raccommoder la mer à sa manière et reprendre les mailles de sa vie.

Ce spectacle qui vise à casser les codes par le recentrage sur un point de vue féminin, veut nous montrer l'émancipation d'un personnage en abordant des problématiques environnementales (fontes des glaciers, pollution des mers...), nous parle d'hospitalité à travers des créatures qui rejettent et agressent au lieu d'accueillir et d'aider, c'est aussi un message d'espoir : raccommoder la mer « à sa manière ».

On se laisse captiver par cette histoire et ces décors faits d'inventions visuelles juste magiques, les enfants comme les adultes sont bouche bée, sans cesse surpris et amenés à rire des situations et dialogues entre les personnages.

Au rythme d'un accordéon et de chansons, ce spectacle est aussi un choeur de trois femmes qui interprète cette odyssée au féminin.

Spectacle très original et poétique à ne pas manquer !

Maria PARISAT

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95% BRASSENS

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95% BRASSENS, spectacle musical, mise en scène de Renaud Maurin, avec Jean-Louis Cassarino au chant et à la guitare, Pascal Lasnier à la basse et Xavier Ferran au piano, au théâtre des Vents, du 11 au 21 juillet, relâche le 15 juillet, à 20h15, durée 1h10.

Si vous aimez le répertoire de Georges Brassens, vous allez adorer ce spectacle musical animé par trois artistes hors pair qui ne manquent pas d'air ni de talent : un comédien chanteur au timbre de baryton d'exception qui se prend parfois pour Georges, un pianiste et un bassiste à moustaches.

Vous pousserez la chansonnette avec délectation avec des arrangements jazzy, voire rock juste magiques ! Avec piano et basse qui apportent une touche nouvelle et entraînante aux textes les plus connus de notre bon Georges.

Un Gare au gorille, aux airs d'Elvis Presley, un Il n'y a pas d'amour heureux avec une diction raffinée, énoncée avec profondeur... On se laisse transporter, comme sur un magnifique paquebot mais qui ressemble étrangement au Titanic, insubmersible certes mais seulement à 95% !

Une vraie pépite musicale, joyeuse et intelligente ! Un hommage très élégant à Georges Brassens. Un pur moment de bonheur !

Maria PARIZAT

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LES VOIES DE LA LIBERTÉ

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LES VOIES DE LA LIBERTÉ , compagnie Avec vue sur la mer, d'après Mélusine Mallender, adaptation et mise en scène de Franckie Defonte et Mélissandre Fortumeau, interprétation de Mélissandre Fortumeau, espace Alya, à 16h25, du 3 au 21 juillet, relâches les lundis 8 et 15 juillet, durée 1h20.

Les voies de la liberté, c'est l'histoire d'une jeune femme qui décide de partir seule avec sa vieille moto 125 cm3 pour « aller le plus loin possible » en direction de l'est. On lui prédit qu'elle ne dépassera pas le périphérique parisien... Quatre mois plus tard, elle arrive pourtant à Vladivostok, où la mer du Japon l'arrête. De nombreuses péripéties l'attendent. Elle trouve cependant, à travers ce voyage initiatique, ce qu'elle était partie chercher : sa liberté.

Elle revient toutefois avec de nombreuses questions sur la liberté et plus particulièrement la liberté des femmes. Alors elle repart en Iran, en Afrique, toujours à moto mais cette fois avec une caméra... Plus de cinquante pays traversés, cent mille kilomètres, des milliers de rencontres.

Nombres de thèmes majeurs liés à la féminité sont évoqués : les rapports hommes/femmes, le poids de la religion, les sévices corporelles (excisions, viols,...) mais aussi psychologiques (harcèlements, privations de droits, de liberté).

La comédienne nous transporte dans ce voyage et nous fait revivre de l'intérieur les aventures de cette femme audacieuse, dans une pièce qui est à la fois un récit de voyage, du théâtre et un documentaire et qui nous fait plonger au plus profond de son expérience.

Amateur de voyages et de rencontres humaines, vous serez happés par cette aventure, magnifiquement bien jouée.

On découvre la « beauté fulgurante de la liberté » et l'on réfléchit sur l'idée « qu'il n'y a pas une seule forme de pensée , de liberté », que « comprendre ce n'est pas imposer, présumer, c'est voir et questionner ».

A voir absolument !

Maria PARIZAT

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Le grenier de Babouchka présente

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CYRANO DE BERGERAC

d'Edmond Rostand  - Mise en scène  Jean-Philippe Daguerre avec Stéphane Dauch, Charlotte Matzneff, Barbara Lamballais, Simon Larvaron ou Raphaël Hidrot, Etienne Launay ou Philippe Blondelle, Antoine Guiraud, Grégoire Bourbier ou Yves Roux, Xavier Martel, Emilien Fabrizio ou Christophe Mie, Xavier Lenczewski, Mona Thanaël Violon : Aramis Monroy ou Petr Ruzicka - Musique originale : Petr Ruzicka - Décors et accessoires : Vanessa Rey-Coyrehourcq - Costumes : Corinne Rossi / Lumières : Frédéric Bures

Théâtre le Chien qui fume, 10h00, durée : 1h55. Du 4 au 21 juillet, relâche les 10 et 17 juillet.

S’attaquer au chef d’œuvre d’Edmond Rostand demande un certain courage, tant cette pièce longue, comportant un grand nombre de personnages, considérée comme élitiste et véhiculant des valeurs hélas considérées comme dépassées, est difficile à monter. Et pourtant Jean-Philippe Daguerre, le metteur en scène, relève avec brio le défi, bien aidé, il est vrai par une brochette de comédiens aussi brillants qu'émouvants et drôles s’il le faut.

A cause du complexe que lui donne un quart de Brie particulièrement opulent, Cyrano n’ose courtiser la dame de ses pensées que par le truchement d’un autre… Terrible position. Mais il le fait avec brio, verve, combativité, sur une scène aux décors particulièrement minimalistes, laissant toute la place au jeu des acteurs. Leur jeu est sincère, ils vivent réellement leur rôle, ils sont le personnage qu’ils incarnent, au point que Roxane, saluant le public, avait du mal à s’arrêter de pleurer la mort de Cyrano , dont on entendait l'âme s’envoler dans les pleurs délicats d’un violon.

Vraiment un très beau et très bon moment. A recommander.

J’ai eu du nez d’aller voir ce spectacle !

Marie DUFRAISSE

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Madame BOVARY

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Madame Bovary en plus drôle et moins long du 3 au 21 juillet, tous les jours, pas de relâche.

Théâtre des Corps Saints à 11h30, durée 1h15

Très librement adapté par Camille Broquet et Marion Pouvreau qui sont aussi les comédiennes.

Mise en scène d'Edward Decesari.  Compagnie : Le Monde au Balcon


J'ignore si ces quelques lignes vous donneront envie d'aller découvrir ce petit bijou, si c'est le cas, dépêchez vous de louer vos places. Mardi, il y a eu une séance supplémentaire en soirée, grâce à la relâche bienvenue d'une autre représentation  !!!

Madame Bovary, tout un roman mais aussi tout un spectacle, surtout lorsque deux jeunes dévergondées décident de s'attaquer au livre de Flaubert. Tout le monde ne l'a pas lu mais à sa parution Gustave Flaubert a été jugé pour "outrage à la morale publique, religieuse et aux bonnes mœurs". 

Là, tout part en vrille, puisque n'est gardée que la trame sans jamais trahir Flaubert. L'histoire est moderne, les personnages sont typiquement ancrés dans le 21ème siècle et les dialogues attachés comme par magie aux deux comédiennes plus vraies que nature.

C'est gai, c'est vif, c'est drôle ! Quelle illustration musicale géniale que celle du bal donné  par le premier amant d'Emma ! La musique est le parfait contrepoint du texte : comique et imaginative. Elle va du rock à la valse et de la danse écossaise à la danse traditionnelle yiddish de Rabbi Jacob.

Les jeux de mots-laids ne manquent pas (tiens, tiens). Et nous avons aussi la lecture intelligente et bien dosée des passages du livre.

Charles, le cocu du drame, connaît et subit tous les travers du couple. C'est un vrai anti-héros mais tellement pathétique ! Dérision totale, rires en cascades, voilà à quoi vous ne devez pas, ne pouvez pas manquer.

Emma est fourbe, "bonbon acidulé", douce et surette et surtout, surtout romantique... à en mourir, vous n'y échapperez pas.

 Les seules choses  dont vous pouvez vous libérer, ce sont les interminables descriptions qui plombent le roman. Flaubert décrit TOUT, tout le temps : 5 pages pour décrire la nouvelle maison. Et quand on est lycéen, c'est une torture, un manque de savoir-vivre du prof de Lettres que de vous imposer ça.

 Chansons, danses, parodies illustrent en permanence cette comédie pétillante sans aucune vulgarité. Les deux comédiennes-autrices méritent que vous alliez les applaudir

Bravo aussi pour le "costume" qui a réveillé un classique d'Agnès.B

Aurez-vous encore le temps d'aller voir madame Bovary ? C'est tout le mal que je vous souhaite


MARIJO

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« Chocolat piment »

Boulevard du rire !

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au théâtre Le Cabestan, tous les jours à 12 h 35  jusqu’au 21 juillet (relâche le 17 juillet)

Au fil des siècles, le théâtre dit « de boulevard » reste bien ancré dans ses traditions, portes qui claquent, voix qui portent, dames qui marchent à petits pas et messieurs infidèles. Mais ce théâtre-là plait toujours, car il fait toujours bon rire ! C’est ainsi qu’on pourrait expliquer le succès de « Chocolat piment » en 2024 à Avignon, pièce nommée aux Molière en… 2007. Sur scène, quatre excellents comédiens, Paul, le grand-père veuf et grognon, dont on fête l’anniversaire dans un rituel annuel de bon aloi, ses deux filles, Stéphanie et Caroline, que tout oppose, séparées par les caprices de la vie, et Frank, le cadre ambitieux et macho, qui fut l’amant de l’une avant d’épouser l’autre… Bref, un tableau de famille bien de chez nous, avec des personnages à la mode et à la limite de la caricature. De quoi bien rigoler, entre engueulades et bons mots, réussis, dont sont truffés les dialogues !

Mais voilà, dans le théâtre de boulevard, Bacri et Jaoui sont passés par là. Et lui ont apporté une analyse du contexte social, une profondeur des personnalités , une réflexion sur leurs conditions de vie. Du coup, le gros comique, parfois un peu gras, a laissé place à un humour plutôt subtil. Tous les ingrédients qui font de ce chocolat pimenté un spectacle délicieusement drôle et terriblement vrai. Entre deux fous rires, entendons le papy de l’histoire nous dire que « la réalité [de sa vie] c’est 10 kilos de plus et 30 ans de trop ! ». Sans oublier un scénario fort bien construit qui nous plonge dans les fameux secrets de famille. Ceux de « Chocolat piment » s’avèrent réjouissants.

Bernard LASSEIGNE.

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AMOR à MORT

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Amor à mort, pièce mise en scène par Jean-Marc Michelangeli et Elric Thomas, joué par Nelly Bpechétoille, Anne Décis, Didier Landucci et Avy Marciano, au théâtre Le Petit Chien, du 3 au 21 juillet, relâche les 9 et 16 juillet, à 21h15, durée 1h30.

Qui n'a jamais ressenti au moins une fois dans sa vie, dans un accès de colère, l'espace d'un court instant, cette envie de tuer l'être pourtant tant aimé autrefois ? Qu'est-ce qui fait qu'on bascule dans l'horreur pour se débarrasser de l'autre, souvent la moitié de nous-mêmes, au départ ?

Cette comédie à l'univers musical original, nous plonge dans une série de tableaux grinçants et transgressifs sur des histoires d'amour qui finissent très mal : meurtres à la clé à coup de pelle, de casserole, de fusil ou de revolver !

Ne soyez pas étonnés, ce spectacle nous embarque de surprise en surprise et vient tordre nos perceptions traditionnelles de l'amour et de la mort avec audace !

Deux rendez-vous incontournables de la vie nous sont présentés : l'amour et la mort.

« Parfois, on réussit. Parfois, ça finit mal. On vit, on aime et on meurt".

C'est un couple en quatuor qui se tue, joué par quatre comédiens exceptionnels et hilarants.

Un incontournable du festival dans le genre humour noir : fou rire garanti ! Un spectacle inoubliable !

Maria PARIZAT

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LA TÊTE EN FRICHE

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LA TÊTE EN FRICHE, pièce adaptée du roman de Marie-Sabine Roger, par la compagnie Les Affamés, adaptation et mise en scène de Gilles Droulez avec Fanny Corbasson et Gilles Droulez, théâtre des Corps Saints, à 16h50 du 2 au 21 juillet, durée 1h20.

Première adaptation au théâtre du roman de Marie-Sabine Roger, cette comédie nous plonge dans l'univers doux amer de Germain : un homme pour qui la vie n'a pas été tendre et qui a cruellement manqué de considération.

Sur un banc public, il rencontre Margueritte, une vieille dame avec qui il va se lier d'amitié. Par le biais de la lecture et au gré de leurs discussions, celle-ci va lui ouvrir les portes de l'imaginaire et des mots et lui permettre de mettre des mots sur sa vie. Il va ainsi découvrir le pouvoir des livres et celui de la métaphore qui vont lui ouvrir un chemin vers des horizons insoupçonnés alimentés par sa curiosité naturelle.

Entre eux va se nouer une relation indéfectible faite de complicité, de tendresse et d'humour .

Cette pièce, que l'on peut qualifier de conte philosophique, met en avant la bienveillance, ce que notre humanité peut avoir de meilleur, la considération de l'autre et la force créatrice et joyeuse de cet intérêt pour l'autre, la transmission : « Nous ne sommes sur terre que pour être passeurs »... nous dit Margueritte.

Un vrai moment de bonheur porté par deux comédiens merveilleux, un très beau moment à ne pas manquer.

Maria PARIZAT

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LES 4 MOUSQUETAIRES ÉPOPÉE POP

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Les 4 mousquetaires Épopée Pop, spectacle musical, compagnie La Douce avec Floriane Durin, Carl Miclet, Marianne Pommier et Laurent Secco, adaptation et mise en scène collective, au théâtre de l'Arrache-Coeur- salle de l'Alizé à 14h30, durée 1h15, à partir de 9 ans. Relâche le mardi.

Cette adaptation musicale du roman d’Alexandre Dumas nous plonge dans un show délirant, iconoclaste, éclectique et festif où l'esprit des Monty Python rencontre l'univers des années 80.

Ici pas d’épée ni de chapeau à plumes, mais une bande de « sales gosses » portant haut l’étendard de la pop culture, pour mieux dynamiter par le rire le roman d’aventure. À chacun de défendre sa propre version de l'histoire !

Bienvenue dans le télescopage des époques et des genres: les Power Rangers au service du roi de France, le cardinal de Richelieu sous la moustache de Freddie Mercury ou Milady de Winter en pop star aux faux airs de Madonna !

Les personnages se succèdent et se distribuent entre ces quatre comédiens au gré de leurs envies dans une énergie folle et un rythme effréné qui nous emporte. Mouvements, expressions, humour, couleurs, mise en scène... Il y a tous les ingrédients pour passer un moment démentiel et rire aux éclats !

Le mot d'ordre de cette troupe énergique : le collectif et la création collective, l'esprit de groupe, la solidarité, des valeurs essentielles à véhiculer !

Maria PARIZAT

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L'Affaire Curie

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Eve dans l'ombre de Marie Curie 

de Meryl Mourey 

Mise en scène de Juliette Jouniaux - Comédiennes : Héléna Vautrin, Chantal Vidal Bouillet

Du 3 au 21 juillet, relâche le 18

Théâtre la Luna à 14h55, durée 1h

Mais quelle bonne idée d'avoir sorti Marie Curie de son laboratoire ! J'en avais l'image d'une femme brillante chercheuse, première à avoir obtenu un prix Nobel, fusse avec son mari et morte de l'irradiation provoquée par son travail en laboratoire

Marie devenue veuve et Paul Langevin ont une liaison vite rapportée par la presse. Une cabale pernicieuse mettra fin à leur histoire d'amour. 

On la menace de révocation, traînée dans la boue, elle est traitée de voleuse de mari et de sale Pollack. C'est cependant ainsi que Marie se dévoile tout autre dans ce portrait de femme : elle va paraître plus humaine

La narration, à deux voix, est sincère; le dialogue met à jour les manques de communication mère/fille. Mais Marie, peu de jours avant sa mort, confesse à Eve : "il y a des choses importantes à dire, d'autres à entendre"

On apprend beaucoup sur l'éducation, le comportement dicté par les fameuses règles sociétales : ce qui se fait, ce qui ne se fait pas....

C'est une belle leçon d'Histoire aux dialogues vifs et précis. La mise en scène est ingénieuse . On ne perd jamais le fil du récit et les projections de textes/photos complètent parfaitement la narration. 

A la question misogyne, posée à celle qui allait devenir double prix Nobel :

"Qu'est-ce que ça fait d'épouser un génie"

Marie Curie a simplement répondu :

"Allez demander à mon mari

Oh Marie si tu savais...


MARIJO

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L'HOMME ET LE PÊCHEUR

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L'homme et le pêcheur, une pièce écrite par Jean-Marc Catella, Ciro Cesarano et Fabio Gorgolini, mis en scène par Ciro Cesarano, au théâtre Le Petit Chien à 17h40 du 29 juin au 21 juillet (relâche les 9 et 16 juillet). Durée du spectacle : 1h15, à partir de 8 ans.

Sur un ponton suspendu, un pêcheur mystérieux croise le chemin d'un homme affolé par ses doutes, la corde au cou et un parpaing à la main. Une discussion, à la tonalité italienne très poétique, s'engage alors entre ces deux hommes et marque le début d'une aventure rocambolesque qui nous invite à réfléchir sur le sens de l'existence et à notre relation au bonheur.

La pièce nous transporte, depuis ce ponton au dessus de l'eau, vers plusieurs univers : l'histoire de la vie d'un homme, son imaginaire intime et la réalité déclarée d'une pièce de théâtre. Quelles frontières séparent ces espaces ? Au fil de la pièce, nous voici emportés entre réalité et fantaisie, passé et futur, comique et tragique et ces frontières deviennent de plus en plus floues...

Cette comédie, inspirée du théâtre surréaliste et populaire, vient nous questionner et nous émouvoir sur notre relation à notre propre « monde intérieur », à nos rêves, nos peurs, nos désirs et nos besoins profonds. Elle évoque également avec ironie et humour, comment l'avenir peut glisser entre nos mains à force de compromis, de renonciations, d'isolement social et d'impératifs productifs. Elle sert de prétexte pour interroger ce besoin, parfois insensé mais très humain, de devoir perdre ce que l'on possède pour en mesurer la valeur.

Cette pièce est un enchantement, un enchaînement d'émotions et de poésie, de jeux de mots qui nous touchent en plein cœur et nous transporte. Les comédiens ont un jeu à couper le souffle, un véritable coup de cœur !

Maria PARIZAT

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Comment J'ai Dressé un Escargot sur tes Seins

20

Du 3 au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 10 h 05. Relâche le lundi.
Théâtre Atelier Florentin, 28, rue Guillaume Puy, Avignon. De Matéi Visniec - Mise en scène et Scénographie : Serge Barbuscia - Musique Originale : Eric Craviatto - Avec Salvatore Caltabiano Voix off: Dorothée Leveau.

L’escargot, ce fameux gastéropode que l’on voudrait bien voir ramper sur les seins d’une belle femme, on le cherche. Et pourtant il emplit la scène, sous la forme d’une caisse représentant symboliquement la coquille. Et le personnage, l’amoureux vient souvent s’y réfugier et d’où il en sort par-devant, par-derrière, par en haut.

On voyage avec le comédien dans son délire amoureux. On reste scotché par la finesse, le surréalisme, la poésie du texte de Matéi Visniec, superbement proposé plutôt qu’imposé par le comédien Salvatore Caltabiano..

Serge Barbuscia, le metteur en scène avignonnais, fait dans la sobriété, l'authenticité, sans vouloir nous esbroufer.

Et en mêlant texte, voix off et musique, la magie opère au service de l’éternel dilemme : ouvrir ou fermer son coeur, ouvrir ou fermer sa coquille. On passe de l'émotion au sourire, et même au rire.

On adhère tout de suite à l’émotion, à la sensibilité d’un comédien qui sait faire partager ses états d’âme sans en rajouter.

Une belle réussite.

Marie DUFRAISSE

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STORMY WEATHER

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Stormy Weather de Thierry DELAIR au Festival off AVIGNON 2024 au Théâtre de l'ARRACHE-CŒUR : Salle Barbara , 13 Rue du 58ème Régiment d'Infanterie, 84000 Avignon du 2 au 21 Juillet 2024 à 19 H 30. Durée 1 H 15. Relâche les 9, 16 Juillet.

À peine entré dans la salle, des airs de jazz arrivent à nos oreilles, on s'installe discrètement, face à des musiciens en pleine répétition, se laissant aller au plaisir de l'improvisation. Un pianiste, un contrebassiste et un saxophoniste, tout à leur art. Leur plaisir et leurs liens amicaux sont palpables...

Stormy Weather, c'est l'histoire de trois musiciens de jazz réunis dans un salon pour une répétition en vue d'un enregistrement. On découvre dans cette pièce les coulisses de la création en jazz avec ses bons et ses mauvais moments, des rires, des coups de gueule.

Car en effet, des conflits musicaux et humains éclatent entre les trois musiciens, mettant en péril leur trio de 15 ans.

Toute l'originalité du spectacle réside dans l'utilisation de la musique, le jazz improvisé, comme support dramaturgique : le plaisir de créer est musical, la colère aussi, l'évolution de la relation des musiciens tout au long de la pièce s'exprime à travers la musique.

Nous voilà plongés dans le monde des jazzmen, dans ce spectacle théâtral tout autant que musical, les comédiens sont éblouissants tant par leur jeu d'acteur que par leur prestation musicale, l'ambiance est fougueuse, les dialogues animés, émotions et rire garantis !

Maria PARIZAT

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LE BARMAN DE L’ÎLE 

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UNE FANTAISIE BLING-BLING

« Le barman de l’île » une pièce de Dan Harel, mise en scène par Bernard Bitan avec Pierre Jouvencel, Pierre Deny, Angelo Pattacini, Smadi Wolfmann, Bernard Bitan et Fabien Floris, à 13h10 au Théâtre des Brunes ( relâche les lundis). Durée du spectacle 1h10

Le 17 juin 1940, Charles de Gaulle s’endort épuisé par la rédaction de son discours. Lorsqu’il se réveille, il n’est plus dans son bureau mais dans le bar d’un île en compagnie de Victor Hugo, Napoléon, Bob Marley et Marlène Dietrich qui vont lui insuffler le souffle du lyrisme pour son Appel du 18 juin à la Résistance.

L’argument est bling-bling, son traitement aussi.

Les comédiens mettent toute leur énergie, allant jusqu’à surjouer, pour sauver cette fantaisie poussive sur une mise en scène aussi simpliste que le texte de l’auteur se perdant en quiproquos et jeux de mots pour faire de l’humour en gros sabots.

Bref, cette idée prétentieuse de revisiter l’histoire, façon Monty Python bas de gamme, est une guignolade qui a du mal à passer la rampe.

« Un spectacle assez croquignol », dirait Georges Brassens (dans sa chanson Hécatombe) qui était beaucoup mieux inspiré.

André BAUDIN

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HORS CLASSE

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« Hors classe » est un spectacle écrit et mis en scène par Bénédicte Bousquet et Mathieu Oliver, à 18h30 au théâtre Carnot (du 8 au 21 juillet). Durée du spectacle 1h15. Tout public.

Dans ce one-woman-show, « Béné », enseignante de maternelle, nous fait découvrir les joies de son métier et de la vie de famille avec des ados.

Avec un humour bienveillant et bien trempé, Bénédicte nous transporte dans son quotidien de maîtresse d'école : élèves perchés, parents en tout genre, sorties scolaires qui relèvent plus d'un parcours du combattant, collègues parfaits pédagogues mais horripilants à souhait.

Enseignants, nous nous retrouvons beaucoup dans chacune des situations évoquées et pour les non enseignants, cela permet d'avoir une vision très drôle « de l'intérieur » du monde de l'école.

Dans son rôle de maman, Bénédicte nous interpelle sur ses questionnements : ces ados qui grandissent tellement vite, qui n'ont plus les mêmes « réf », le décalage passé le cap des 12 ans, de Georges Brassens à Jul, aux discussions téléphoniques qu'il faut apprendre à traduire.

Un pur moment de plaisir, un spectacle ressourçant et plein d'énergie qui dédramatise le quotidien des enseignants et des parents d'ados, une grande générosité avec le public. Fou rire garanti ! On en redemande !

Maria PARIZAT

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« Frantz »

L’art de faire du bruit !

16

jusqu’au 21 juillet à 10 h 10 à la Scala Provence. Relâche le 15 juillet

Cinq jeunes artistes, enthousiastes et dynamiques, aiment à faire du bruit sur scène, mais à faire de ce bruit un art, autrement dit une forme d’expression artistique au même titre que la danse ou le cinéma. Pourquoi pas ? Mais si la critique est aisée, l’art est difficile, et le résultat s’avère un peu décevant, entre effets sonores assourdissants et une mise en scène pas toujours maitrisée, parfois même foutraque. D’autant que les « bruiteurs » accompagnent, avec un clin d’œil sympathique mais audacieux, Frantz, le héros de l’histoire, qui n’est autre qu’un… mime, et un mime qui parle ! Bien connue est la répartie du présentateur de l’Alcazar de Marseille, à la belle époque, affrontant les sifflets d’une foule hostile : « taisez-vous, on n’entend plus le mime ! » C’est un peu le cas de notre gentil Frantz, au demeurant danseur élégant, parfois submergé par tous ces bruits près de lui. Cela dit, il est agréable de redécouvrir le bruitage, qui fit les beaux jours du cinéma d’antan, et il faut admettre que la reconstitution des bruits ordinaires et quotidiens à l’aide d’improbables instruments (appareils ménagers, bidons, outils divers et variés…) est fort réussie et spectaculaire. Mais, du coup, on s’intéresse moins à l’histoire de Frantz à la recherche du père absent, trop tôt disparu, et en quête d’amour, l’amour tout court. Malgré quelques beaux moments de poésie qui permettent à chacun d’y trouver une raison d’être content, selon que vous aimez le bruit de la ville ou le silence de la mer… 

Bernard LASSEIGNE.

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LA LÉGENDE DU SERPENT BLANC

UNE HISTOIRE D’AMOUR D’UNE GRANDE BEAUTÉ GESTUELLE

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« La légende du serpent blanc » de Menglong Feng. Spectacle visuel en chinois avec voix off en français. Une création épique du Théâtre du Chêne Noir avec la Shanghai Théâtre Académie, mise en scène par Ying Xiao, avec Wen Fang, Ye Jin, Pengjie Li, Liwen Liang, Xiaojun Meng, Minghan Zhou. Adaptation théâtrale Julien Gelas, Ying Xiao, Haiqing Zhon . Direction artistique et musique, Julien Gelas, à 16h45 au Théâtre du Chêne Noir (relâche le 15 juillet). Durée du spectacle 50 mn.


« La légende du Serpent Blanc » est l’une des quatre grandes légendes chinoises. Le serpent Baï (« blanche », couleur incarnant la beauté en Chine) a acquis le pouvoir de se transformer en femme. Se rendant au lac de l’Ouest, réputé lui aussi pour sa beauté, Baï y trouve l’amour et se marie avec Xuxian, un apothicaire modeste ignorant tout de la vraie nature de son épouse. Offensé par cette union « contre nature », un bonze moraliste veut détruire cette union. Il faudra tout le courage et la force de Baï (enceinte) allant jusqu’au sacrifice, pour résister à l’intolérance.

Le théâtre du Chêne Noir signe ici une création épique avec la Shanghai Théâtre Académie. Six comédiens et danseurs illustrent cette histoire merveilleuse d’une grande beauté gestuelle extrême-orientale. 

Mais il est bien connu que Julien Gelas donne toujours du sens à ses spectacles. 

Cette légende est l’une des plus fortes histoires d’amour de la littérature. 

Elle exprime le conflit entre la liberté d’aimer et la morale, surtout lorsque celle-ci incarne le pouvoir religieux avec ce moine éminent, interdisant de dépasser les normes. 

Ce spectacle purement visuel est ouvert à tous les publics. 

Il est compréhensible par tous.

Y compris pour ceux qui n’entravent rien au chinois ! 

André BAUDIN

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Quand De Gaulle hante Macron...

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« De Gaulle apparait en songe à Emmanuel Macron », fantaisie politique… Jusqu’au 21 juillet à 11h30 au Palace. Durée : 1 h 15. Relâche le mercredi 17 juillet)

Quel drôle de titre pour dire que Macron a tout simplement rêvé à De Gaulle ! D’ailleurs, ne nous dit-on pas, depuis 2017, que notre Président de la République « se prend » pour Mon Général ? Mais, l’auteur n’a pas menti en évoquant une « fantaisie politique », car derrière ce titre se cache en effet une fantaisie quasi onirique et politiquement très précise. Pourtant, l’affaire n’était pas simple : comment imaginer et interpréter deux personnalités, au demeurant si fortes et si compliquées ? Or, la meilleure et la plus amusante solution a été adoptée avec deux (superbes) acteurs sans complexe, plus vrais que nature ! L’un est morphologiquement fait pour jouer De Gaulle, rôle qu’il a connu par ailleurs, l’autre, doté d’un profil macronien n’eut qu’à renforcer les sourcils et s’affubler de longs favoris pour s’installer dans la silhouette présidentielle …

Encore fallait-il donner âme et caractère à ces deux clones de théatre ! Fallait-il aussi éviter la caricature et respecter l’Histoire. Pari réussi, grâce à une belle écriture de dialogues, une juste analyse des situations au fil du temps, permettant une subtile confrontation entre le passé (le vécu de De Gaulle) et le présent (le « mal vécu » de Macron). Lentement mais sûrement, nous vérifions la finesse de la vision gaulliste opposée au sempiternel « en même temps » macronien, l’un expliquant, sans modestie, à l’autre, la grandeur de la France et la valeur de l’héritage qu’il lui a laissé, dont Macron n’a pas fait bon usage. « Avez-vous dit au peuple que vous l’avez compris ? » demande tout à coup Mon Général à notre jeune Président bien embarrassé pour répondre… Bref, une simple leçon d’Histoire et de géo-politique, teintée d’un humour gaullien, qui pourrait être au programme de notre Education nationale entre collège et lycée.

 Bernard LASSEIGNE

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FAUT-IL SÉPARER L’HOMME DE L’ARTISTE ?

LE DÉBAT EST OUVERT !

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« Faut-il séparer l’homme de l’artiste ? » de Etienne Gaudillère et Giulia Foïs, mis scène par Etienne Gaudillère, avec les comédien-nes Marion Aeschlimann, Etienne Gaudillère, Astrid Roos et Jean-Pierre Salério, à 12h05 au Théâtre des Carmes André Benedetto ( relâche le 16 juillet). Durée du spectacle 1h30.


Standing ovation ! Les spectateurs ont salué avec enthousiasme non feint ce spectacle remarquable conçu par Etienne Gaudillère et Giulia Foïs. Il faut dire qu’il a démarré très fort avec un sondage des spectateurs à propos du viol et des violences sexuelles. Ces derniers ont dû répondre en levant la main à des questions perfides et terriblement gênantes du genre : qui d’entre vous a déjà été violée ?

Entre aveux arrangés et petits mensonges dissimulés, on entre ainsi dans le vif du sujet : « Tu es comédienne, tu rêves de cinéma, tu galères un peu et un jour, tu reçois une proposition pour le rôle de tes rêves. Le réalisateur, c’est Roman Polanski. Tu fais quoi ? »

Alors que #MeToo libère des milliers de témoignages et que les artistes tombent comme des mouches sous les accusations d’agression sexuelle, que faire de cette question : faut-il séparer l’homme et de l’artiste et que faire des œuvres de Louis-Ferdinand Céline ou d’autres écrivains et artistes qui se sont vautrés dans la collaboration avec les nazis et l’antisémitisme – coucou, Maréchal, les revoilà qui montrent leur nez – ou encore dans la luxure ?

Fidèle à son exploration de la scène médiatique et cinématographique, le metteur en scène Etienne Gaudillère redessine avec ce débat intelligent, apaisé et fondé, loin des procès à charge d’une morale manichéenne qui frise l’intolérance, les contours de notre histoire de l’art en délogeant avec finesses et efficacité les « grands hommes » de leur piédestal et faisant naître parallèlement l’histoire d’un éveil politique. Chapeau l’artiste !

André BAUDIN

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Un chapeau de paille d'Italie 

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Chapelle des templiers, au petit Louvre, jusqu'au 21 juillet, relâche le 15 juillet . A 11h50, durée 1h15 - comédiennes et comédiens : Sarah Fuentès, Mélanie Le Duc, Emmanuel Besnault, Guillaume Collignon,Victor Duez


Qui pourrait imaginer  en sortant de ce "chapeau de paille d'Italie" que la pièce de Labiche a 150 ans et pas une ride ? Incroyable mais vrai, je vous conseille d'aller vérifier...

Tout est fou dans cette incroyable adaptation/déformation/amplification de l'original.

La mise en scène est sortie d'un esprit créatif maxi-dosé. Et qu'est ce qu'on s'amuse ! c'est un mélange de clowneries, de parodies où la scène couverte de matelas d'oreillers, de couettes et de coussins permettent les chutes, les pirouettes, les cabrioles. Les matelas deviennent portes ou moto, selon les besoins. Il y a de l'énergie en veux-tu en voilà, dans un contexte complètement déjanté, un comique de répétition irrésistible : "mon gendre, tout est rompu" lancé par une belle-mère foldingue à-fort-pouvoir-comique

J'ai mis une dizaine de minutes à "rentrer" dans ce jeu tant la surprise était grande mais on devient vite Alice de Lewis Carroll. 

Vous avez dit, interactivité ?  On se plaît à jouer avec les comédiens qui opposent les côtés droit et gauche  des spectateurs, pour une bagarre de peluches.  Et ça marche....

Une de mes scènes préférées ? la parodie d'une bagarre, copie drôlatique d'un  western/spaghetti.

Mais pas que ! Labiche est plus que dépoussiéré, il est paroxystique.

Les acteurs sont tous épatants mais j'ai eu un fichu coup de cœur pour Sarah et pour Guillaume. Comme à l'école, on a ses chouchous.... ce qui n'enlève rien aux autres !

Grincheux, amateurs du classique bien ringard, abstenez vous

Venez retrouver votre âme d'enfant et remplacez les bagarres d'oreillers par des lancers de peluches : 

J'ai dix ans 

Je sais qu'c'est pas vrai mais j'ai dix ans 

Laissez-moi rêver que j'ai dix ans......


MARIJO

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Un cadeau particulier

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Au théâtre Barretta place St Didier, à 12h20, durée 1h25, relâche les 14 et 21 juillet.Comédie de et avec Didier Caron,Karina Marimon et Christophe Corsand

Eric est tout heureux de fêter ses 50 ans avec son épouse et Gilles son meilleur ami et associé.  Il déteste les grands comités, ils ne seront donc que 3 pour l'occasion

Eric décide que les cadeaux seront offerts avant de passer à table... Et là, tout part en biberine.

A l'ouverture du cadeau de Gilles, on sent bien que la soirée va tourner au vinaigre, que des règlements de compte vont se faire et qu'elle ne sera pas celle, conviviale, espérée !

Eric, à la forte personnalité, est une sorte de dictateur auquel son épouse et son ami sont quotidiennement confrontés. Sa mauvaise foi est sans limites.

Le cadeau de Gilles va être l'élément déclenchant d'une soirée, a priori festive, mais qui va vite se détériorer. C'est drôle, vif, enlevé. L'écriture provoque des surprises à tire larigot. On rit beaucoup, les acteurs sont excellents

Mais allez vous-mêmes découvrir quel cadeau Gilles a offert à son futur-ex ami

On s'amuse beaucoup avec des situations bien proches de la réalité. C'est un éclat de rire qui monte en puissance tout au long de la pièce. Allez vous divertir avec les 3 excellents comédiens mais ne dévoilez pas quel cadeau Gilles a offert à Eric ! 

Didier Caron a écrit un texte percutant, enlevé, imaginatif qui va de rebondissements en catastrophe. Les règlements de comptes prennent vite le pas.  On s'amuse beaucoup et on rit plus encore.  On ne voit pas le temps passer . Allez vous divertir avec eux mais ne dévoilez pas quel est ce fameux "cadeau particulier"

MARIJO

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APRÈS LE CHAOS

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LE RÉCIT D’UNE FEMME DÉVASTÉE

« Après le chaos » d’après le texte de Elisabeth Gentet-Ravasco, mis en scène par Stéphane Daurat, interprétée par Véronique Augereau à 15h05 au Théâtre des Corps Saints. Durée su spectacle 1h10.

Une mère apprend l’impensable : son fils est mort dans une fusillade de masse. Et c’est le drame absolu lorsqu’elle est informée par la police que le meurtrier de cette tuerie n’est autre que son propre fils !

Comment surmonter une telle tragédie ?

Anéantie, elle va devoir survivre avec, et d’abord faire face au quotidien : garde à vue, insultes répétées au téléphone, problèmes familiaux, honte et remords de ne pas avoir vu et anticiper la descente aux enfers de son propre fils.

Il lui faudra traverser toutes les épreuves en pensant également aux autres mères dont les fils ont perdu la vie, par sa faute, lors de ce massacre qui a fait plusieurs dizaines de victimes.

La comédienne Véronique Augereau, seule en scène avec pour seuls partenaires projections vidéo, lumières et musique originale, est poignante d’authenticité dans l’interprétation bouleversante du récit de cette femme dévastée. Elle termine la tragédie en larmes et le public est sous le choc de l’émotion, tant le sujet vous met mal à l’aise.

Mais c’est tout l’honneur du théâtre que d’aborder aussi ce genre de sujet difficile.

Ce texte de Elisa Gentet-Ravasco, publié aux Editions L’Agapante est lauréat de l’Aide à la création de textes dramatiques.

André BAUDIN

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UN POUR TOUS  

9

Au théâtre Archipel, jusqu'au 21 juillet, relâche le 16 juillet, à 15h25, durée 1h15,

Pièce écrite par Mathieu Peralma, mise en scène par Eric Savin

Avec Amandine Chatelain, Morgane Delacour, Fabien Desvigne, Ronan Hebmann, Justine Marçais et Mathieu Peralma

Ah, les copains, c'est souvent eux qu'on préfère à la famille surtout quand on a acquis son indépendance, après le lycée, après la fac. Et quel que soit le motif, on trouve toujours un prétexte pour se réunir une fois par an. 

Nos protagonistes n'échappent pas à la règle et voilà que la réunion festive tourne au vinaigre, pour le plus grand bonheur des spectateurs : c'est jouissif car une situation en entraîne une autre, 

On rit beaucoup, souvent même aux dépens des personnages dont les travers, les mensonges font naître des moments irrésistibles. Clotilde, la maîtresse de maison, passe du rire aux larmes, de la séduction à la fureur. Julie a tellement travaillé son rôle d'aveugle qu'on se demande si elle ne l'est pas vraiment

Tous les thèmes de société sont abordés, avec légèreté et un  poil de cynisme. On rit, des travers et des défauts dans lesquels on se retrouve tous un peu. Les règlements de compte se succèdent et les grains de sable font grincer la machine

Les dialogues sont percutants, un peu vachards : "tu dragues aussi bien que tu marches"lance l'affreux jojo au handicapé en fauteuil ou"va voir ton aveugle pour la faire brailler"

Pas une seconde pour reprendre son souffle, le rythme est enlevé, bref un bonheur à ne pas manquer

Et puis, n'oubliez pas de réserver, la salle était pleine quand j'y suis allée


MARIJO

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Ma vie de ténor…

8

...est un roman qui m'intéresse beaucoup !

Qui a-t-il de commun entre les Deschiens, Berlioz et Pavarotti ? Au demeurant pas grand-chose. Et pourtant ils cohabitent subtilement dans le spectacle « Ma vie de ténor... » présenté par la Compagnie de l’Autre Voie au théâtre de la porte Saint-Michel à quatorze heure, sauf les lundis, mis en scène par Olivier Broche (voilà les Deschiens !), adaptation d’une nouvelle du grand Berlioz (qui était aussi écrivain), avec la pianiste Lucie Moulis puis Ayaka Niwano et (voilà Pavarotti), Jean-François Novelli dans le rôle du ténor qui se la joue.

Il est vrai que l’Opéra, c’est le ténor qui veut se taper la soprano, mais le baryton - souvent le cocu de l’histoire - se met en travers et la basse règle les problèmes de façon généralement expéditive...

Novelli, avec talent, campe ce ténor que l’on a l’habitude – vrai ? Fausse? - de considérer comme vaniteux, imbu de lui-même, paon pavanant queue épanouie pour séduire, en imposer, s’imposer. Mais non, ils ne sont pas tous comme ça !

D’ailleurs, dans le spectacle, le ténor commence par...jouer de la flute ! Pas très bien d’ailleurs. Il largue alors son sucre d’orge et nous raconte avec humour, tendresse et de vrais talents de comédiens sa vie de ténor, découvert évidemment, comme Alagna par...Pavarotti ! Tè, le revoilà cet incontournable !

Se succèdent alors des chansons napolitaines, de Santa-Lucia à Funiculi, du Tchaïkovski, du Bizet littéralement « exécuté » avec un talent humoristique désopilant par Novelli.

Salut l'artiste! On en redemande.

Alexis BEVILACQUA

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"L’Épreuve"

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de Marivaux à La Scala, à 13h40. Durée 1h20. Relâche le 8  juillet. Mise en scène de Robin Ormond.

 Comédiens et comédiennes : Sanda Bourenane, Vincent Breton,Nicolas Chupin, Olivier Debbasch,Yasmine Haller, Alexandre Manbon,Séphora Bondi


J'étais partie pour voir une pièce des plus classiques,

Écrite  par un auteur des plus classiques, Marivaux, parfois jugé superficiel ! 

Les costumes, la musique, le cadre nous emmènent bien loin du 18ème siècle, mais ça c'est la règle du jeu

Ce qui l'est moins c'est que l'adaptation et la mise en scène sont nées d'un mélange pour le moins  surprenant de 2 pièces de Marivaux, au point de se demander si on ne s'est pas trompé de salle.

Deux  pièces en une :  l’Épreuve et la Dispute

Franchement quand on n'est pas prévenu, on est surpris et pour tout dire, perdu. Difficile de voir le lien entre ces enfants (on apprend qu'ils sont 4) élevés dans l'isolement le plus total et ces adultes à la recherche de l'amour, la sécurité, la remise en question de  leurs certitudes et de leurs doutes.

Ces 4 enfants devenus des adultes "boiteux" par manque  de connaissance, d'amour, de vérité, de sincérité veulent connaître TOUT ce dont ils ont été privés. Ils sont jetés dans un monde de doute, de mensonges, d'incertitude, de tromperies et plus encore

Finalement, plutôt que "l'Épreuve", c'est la Dispute que j'aurais aimé voir.

Les actrices sont tout en finesse, les acteurs convaincants

Ce n'est pas un spectacle "facile" mais avec ces précautions d'usage, vous pouvez passer un moment sinon de détente au moins d'approche philosophique  sur la VIE , avec le meilleur et le pire.


MARIJO

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LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE 

UN JEU DE MASSACRE JUBILATOIRE

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« Le journal d’une femme de chambre » de Octave Mirbeau, mis en scène par Nicolas Briançon, assisté de ElenaTerenteva, comédienne Lisa Martino, à 10h30 au Théâtre du Chêne Noir (relâche 8 et 15 juillet). Durée du spectacle 1h20

Le journal d’une femme de chambre est un des plus grands textes d’Octave Mirbeau.

Le génial auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère pour se livrer à un véritable jeu de massacre jubilatoire. Il chamboule tout avec un humour féroce !

Son héroïne, Célestine, sublimement interprétée par Lisa Martino sur une mise en scène très élaborée de Nicolas Briançon pour un « seul en scène », est une jeune parisienne embauchée comme domestique chez des notables de province.

Dans sa confession, elle démonte allègrement le système et sa morale bourgeoise avec une sensualité sauvage, un érotisme lancinant et une volupté enivrante.

Elle va bien au-delà de l’hypocrisie d’une société toujours contemporaine qui cache sa crasse sous les tapis.

Octave Mirbeau serait-il un visionnaire ?

Pour le metteur en scène, c’est l’humanité dans sa solitude et ses paradoxes confinant parfois au pire, qui transpire dans cette critique sans concession terrible et cocasse qui nous touche au cœur, ainsi qu’à celui du public qui lui a réservé une standing ovation en ces temps de crise où les blés sont sous la grêle.

André BAUDIN

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CHANGER L’EAU DES FLEURS 

CROIRE AU BONHEUR

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« Changer l’eau des fleurs » d’après le roman de Valérie Perrin, mise en scène de Mikaël Chirinian et Salomé Lelouch, avec Ludivine De Chastenet, Mikaël Chirinian et Morgan Perez, à 10 heures au Théâtre du Chêne Noir (relâche 8 et 15 juillet). Durée du spectacle 1h15.


Violette est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Son quotidien est tranquille. Il est rythmé par son travail et les confidences des habitués et des gens de passage, en marge des turbulences du monde des vivants. Mais l’arrivée d’un homme à la recherche de la tombe de sa mère qui a voulu être enterré auprès d’un inconnu, va le faire basculer. Entre eux, des liens unissant les vivants et les morts vont être exhumés. Et l’histoire finalement intense de cette femme qui, malgré les épreuves, croit obstinément au bonheur, prendra une autre tournure dans le calme reposant de ce petit cimetière de province où elle vivait en harmonie avec les défunts.
Après le succès international du roman éponyme de Valérie Perrin,  auréolé en librairie (Prix des  lecteurs du Livre de Poche, Prix Jules Renard, Prix de Maison de la Presse), cette pièce portée par une mise en scène subtile, pleine de trouvailles sur les airs nostalgiques des chansons immortelles de Charles Trenet, est une sorte d’hymne au bonheur.
Un bonheur ressenti et partagé par le public qui quitte ce spectacle touchant le cœur en fête après l’avoir ovationné. 


André BAUDIN

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MAISON CLOSE, chez Léonie

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De Agnès Chamak et Odile Huleux avec Ariane Carmin, Agnès Chamak, Fabien Floris, Montaine Frégeai, Maroussia Henrich, Taos Sonzogni, chorégraphie, Alix Mercier,costumes Axel Boursier, musique Frank Lebon et Odile Huleux

DURÉE 1H30 Du 3 au 21 juillet - Relâche les mardi 9 et 16 juillet

Théâtre des Corps Saints

76 Place des Corps-Saints


Tu montes chéri ?

Le cochon qui, en chacun de nous sommeille, m’a dit : « Allez, zou, Victor, on va au bordel ? » Il est vrai que le titre de la pièce de Agnès Chamak et Odile Huleux faisaient remonter à ma mémoire des moments glauques d’une époque où les « maisons closes » - c’est le titre de la pièce, abondaient à Avignon.

Rue de la Bourse, l’Île de Beauté, le Lotus, Extase, le Rialto, rue Joseph Venet, le nec plus ultra, le Beausoleil, chez Mado Langue-de-velours… Bien des boutonneux ont été inaugurés par des dames à la cuisse hospitalière.

Mais derrière ce folklore, le sale boulot de femmes forcées à vendre ce qu’elles ont de plus précieux, de plus intime, leur roseraie… Pour engraisser la cyrhose de la plus sale engeance qui existe, celle des maquereaux, des proxos.

Bref, vous avez compris que je ne les aiment pas les barbillons de pissotière.

Alors le gentil bordel de Madame Léonie, un claque parisien du XIX° siècle, et ses sympathiques « marchandes de bonheur », c’est bien en tant que sujet de pièce de théâtre, mais dans la réalité, c’est autre chose…

Les petites putes de chez Léonie ont donc de l’humour, du culot, la parole imagée sans oublier des formes avantageuses. Elles nous ouvrent leur cœur, elles qui sont plus habituées à ouvrir autre chose, outre les braguettes des mâles en mal d’amour.

Elles déballent les turpitudes des tracassés du calbar, les violences qu’elles subissent, mais aussi leurs rêves bleus ou roses de liberté, et même d’Amour avec un grand A.

On vous aime, gentilles demoiselles !

Pièce rondement menée par des actrices et acteur pénétrés par leur rôle (mais pas que...). Des chorégraphies rythment ce spectacle envoûtant, sublimant les corps et l’intrigue sur une musique originale.

Allez vite chez Léonie (vous pouvez même mener votre régulière) avant que la Maison ne soit Close.

Jean Victor JOUBERT

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"CELLE QUI NE DIT PAS A DIT" : LE RETOUR

3

Après son succès au Festival l’an dernier, la pièce « Celle qui ne dit pas a dit » est de retour  à 14h05.

au Théâtre des Lilas’s

8 rue Londe

Avignon 

Retrouvez ou découvrez Sarah Pèpe, l’autrice de cette pièce géniale, pépite du Festival 2023, avec ses deux complices Sonia Georges  et Mayte Perea Lopez dans cette exploration des identités à travers la parole. Un enthousiasmant trio pour illustrer le pouvoir et la liberté que confère la maîtrise du verbe. 

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JE SERAI TOUJOURS LÀ POUR TE TUER

 UN PIED DE NEZ À LA MORT.

2

« Je serai toujours là pour te tuer », une comédie de Sophie Tonneau, mise en scène par Sophie Mayer, avec Sophie Tonneau et Yves Comeliau à 15h50 à Alya Espace 

( relâche les 8 et 15 juillet) Durée 1h10.

Portée par une écriture moderne et originale, cette histoire d’amour de Sophie Tonneau est une sorte de thriller d’une drôlerie emprunte de fantaisie.

Certes l’humour est noir, mais il est aussi so british dans cet univers morbide où l’on navigue entre Shakespeare et les Monty Python.

La mise en scène est simple, efficace et les deux comédiens, dont l’auteur ou l’autrice (au choix) sont épatants.

Jusqu’à la conclusion de cette pièce qui est une véritable pied de nez à la mort.

Elle est à l’image d’Helen qui s’est retirée à la campagne où elle se morfond. Elle engage alors Simon, voyageur au long cours, pour s’offrir une mort de luxe, avec un tueur. Mais sans souffrir. Marché conclu. Lui n’a qu’à rester à ses côtés, la laisser vivre quelques temps puis la tuer, sans prévenir, un jour, avant l’automne.

La vie, la mort ne sont-ils pas simples comme une parole donnée ?

Pas si sûr que çà, car Helen flanche. Et la voilà qui cherche à gagner du temps. A négocier, à jouer à être amis avec son tueur. « Laisse-moi une semaine, je crois que je ne suis pas encore assez détendue pour mourir ».

Puis le temps passera, la vieillesse arrivera et le couple, finalement, s’éteindra tranquillement jusqu’à ce que mort s’en suive...

Pendant que le public quittera le théâtre avec la banane et une envie folle d’être heureux sans tarder !

André BAUDIN

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"ANGÈLE"

des larmes au rire…

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« Angèle », libre adaptation du film de Marcel Pagnol et du roman de Jean Giono. Jusqu’au 21 juillet à 10 h au théatre des Carmes (relâche les 9 et 16 juillet)

Le Cartoun Sardines théatre, une troupe marseillaise comme en fait plus, avait déjà triomphé à Avignon en 2022 avec « Angèle ». Les voici de retour, ces six comédiens, acrobates du verbe et du rire, qui manipulent et triturent un humour burlesque, dont on peut dire qu’ils sont à la fois improbables, baroques, perchés, déjantés, fantasques, inclassables, surréalistes !  

Car transformer « Angèle » modèle éternel de tragédie rurale d’un autre temps, marquée par la poésie descriptive de Giono, en farce contemporaine est en effet un peu culotté et surtout fort risqué ! Mais il y a, au théatre comme au cinéma, des metteurs en scène qui ont des idées et du talent, telle la performance consistant à bouleverser la narration de cette bien triste histoire de fille pécheresse en un tournage de cinéma comique. On ne vous en dira pas davantage, pour vous laisser intact le plaisir de savourer une rafale de 90 minutes de rigolade, entrecoupée de quelques beaux instants d’émotion… Et même si Giono serait probablement surpris de cette adaptation débridée, il faut voir à tout prix l’Angèle du Cartoun Sardines, incontournable spectacle du Off 2024 ! 

Bernard LASSEIGNE.